Végétaux aquatiques et semi-aquatiques,
plantes amphibies
et plantes des habitats humides

GénéralitésMilieuxHydrophytesHélophytesAmphyphytes

Généralités

Les plantes aquatiques ne constituent pas un ensemble systématique homogène et on les retrouve dans de nombreuses familles comme celles de l'ordre des Poales, mais également parmi les Alismataceae, Asteraceae, Brassicaceae, Nympheaceae, Plantaginaceae, Primulaceae (Samolus valerandi), Ranunculaceae, Scrophulariaceae, Typhaceae, etc...

En fonction de leur mode de bourgeonnement et de leur adaptabilité à différents milieux ces plantes hygrophiles sont qualifiées d'hydrophytes, d'hélophytes ou semi-aquatiques (qui développent leurs appareils végétatifs et reproducteurs au-dessus des eaux), d'amphiphytes ou amphibies.

Mais, comme toujours, enfermer les plantes dans des catégories humaines ne nous semble être qu'un classement approximatif, d'autant plus que les spécialistes citent également les pleustophytes (plantes aquatiques non enracinées, flottant librement ou submergées) comme les lentilles d'eau.

 Ravel, 'Jeux d'eaux'

Elles présentent des tissus spongieux, lacuneux ou pleins d’air, des aérenchymes, qui jouent le rôle de flotteurs, parfois dans de petites feuilles, permettant le port dressé d’organes submergés ou le flottement entre deux eaux ou en surface. Leurs pétioles peuvent être renflés, les entre-noeuds de leurs tiges gonflés d’air, il arrive qu'elles présentent plusieurs types de racines dont des racines spongieuses leur permettant de flotter. Leurs tiges ont des formes variées ; elles peuvent être rondes, cannelées, aplaties, triangulaires, carrées, ailées...

Les plantes aquatiques :

  • peuvent certes parfois être invasives et nuisibles
  • mais la plupart d'entre elles oxygénisent l'eau grâce à leur photosynthèse
  • purifient leur milieu en absorbant et en fixant des éléments dissous
  • offrent des habitats variés, mais également des supports et des abris, à des organismes de toutes sortes
  • et elles peuvent être nourricières.

Malheureusement, la pollution des milieux humides ou leur drainage, la régression des prairies humides fauchées et celle des zones humides, l'endiguement des rivières affectent plusieurs de ces espèces et comme l'écrit La Gazette des Plantes", les zones humides restaurées ne sont que l’ombre de ce qu’elles furent jadis.

 Eau douce, Claude Nougaro

Milieux

Les végétaux des habitats humides se trouvent dans les milieux suivants :

MarécagesMaraisMaresRoselièresTourbièresPrairies humidesRipisylvesFossésÉtangsLacs

Les marécages

milieux où des arbres sont présents sur un sol vaseux et où peuvent pousser des fougères telles que Thelypteris palustris et des plantes comme :

Gratiola officinalis L.
Gratiole officinale, herbe au pauvre homme
Parnassia palustris L.
Parnassie des marais

Les marais

milieux sans arbre, alimentant l'humidité atmosphérique et grouillant de vies, où croissent des plantes herbacées (poacées, laîches, roseaux et massettes) et pourquoi pas Teucrium scordium L., 1753, la germandrée des marais, que le marais d'Andryes permettrait peut-être de trouver, tout comme :

Caltha palustris L.
Populage des marais
Schoenus nigricans L.
Choin noirâtre

Les mares

S'y trouvent peut-être des algues de l'Embranchement (= Division ou Phylum) des Glaucophyta.

Une mare forestière


7 septembre 2009

recouverte d'un tapis de lentilles d'eau (Lemna sp), petites plantes aquatiques flottantes composées d’une ou plusieurs feuilles et de racines ayant besoin d’eaux stagnantes pour se développer.

Ces petites étendues d’eau stagnante de moins de 2 m de profondeur ont la particularité d'être entièrement ou partiellement soumises à l'action du rayonnement solaire. Alimentées par les eaux de pluie, les ruissellements ou les nappes phréatiques, elles peuvent être des mares de prairies, des mares bocagères, des mares forestières, des mares de lisières ou des mares de villages comme en Puisaye ou dans le Vézelien où un premier "Refuge mare" avait été créé en octobre 2017. Leur alimentation en eau n'est pas continue mais on peut y trouver, entre autres espèces floristiques, des cornifles (Ceratophyllum sp.), des myriophylles, des élodées introduites et envahissantes, ou encore des pesses, des laîches, des joncs mais aussi des mousses, notamment en bordure des mares forestières.

Hippuris vulgaris L.
Pesse, pesse d'eau, hippuris commun
Tout comme Salix aurita, le saule à oreillettes, les saules suivants peuvent participer au comblement des mares forestières :

Salix caprea L.
Saule marsault
Salix cinerea L.
Saule cendré



Photo © Claire Martin-Lucy, 15 janvier 2024 - Provency

Pour en savoir plus, regarder :

Les roselières

formées par de grandes colonies de Typha latifolia et d'autres plantes visibles à la Roselière de Paron, comme :

Glyceria maxima (Hartman) Holmb.
Grande glycérie, glycérie aquatique
Phalaris arundinacea L.
Baldingère
Phragmites australis (Cav.) Trin. ex Steud.
Roseau, roseau commun, roseau à balais

Les tourbières

milieux mal drainés dans lesquels croissent (comme dans le Bois de la Biche) des arbustes à feuillage persistant de la famille de la bruyère et des conifères, mais également des plantes carnivores. Dans des dépressions des tourbières se forme la tourbe composée surtout de sphaignes qui acidifient l'eau et empêchent le développement de nombreux micro-organismes.

Drosera rotundifolia L.
Rossolis à feuilles rondes
Erica tetralix L.
Bruyère des marais, bruyère à quatre angles,
bruyère quaternée
Sphagnum palustre L.
Sphaigne des marais

Déjà, au XVIIIe siècle, Jean Marie Roland de la Platière (1734-1793) avait dressé une liste des plantes poussant dans les tourbières aux pages 481 et suivantes de son ouvrage intitulé "L'art du tourbier" publié en 1782, sa dernière citée étant Pilularia globulifera, parmi les plantes pouvant concourir pour beaucoup à la formation de la tourbe comme également Lysimachia nummularia.

Les prairies humides

des vallées alluviales où poussent, par exemple :

Lathyrus palustris L.
Gesse des marais
Oenanthe silaifolia M.Bieb.
Œnanthe à feuilles de Silaüs, œnanthe intermédiaire
Ranunculus aconitifolius L.
Renoncule à feuilles d'aconit
Thalictrum flavum L.
Pigamon jaune

Les ripisylves

exemples d'écotones abritant leurs invasives comme :

Impatiens glandulifera Royle
Balsamine de l'Himalaya, impatiente glanduleuse

Les fossés

où l'on trouve, entre autres :

Berula erecta (Huds.) Coville
Berle dressée
Erythranthe guttata (Fisch. ex DC.) G.L.Nesom
Mimule tachetée
Helosciadium nodiflorum (L.) W.D.J. Koch
Ache nodiflore
Juncus tenuis Willd.
Jonc grêle
Scrophularia nodosa L.
Scrophulaire noueuse

Les étangs

Des étangs où l'on peut trouver des myriophylles
(Myriophyllum alterniflorum, M. spicatum ou M. verticillatum)
de la famille des Haloragaceae


Photo © Jean YGNARD
Rives sud-est du grand étang communal de Pont-sur-Yonne.

et parmi d'autres hélophytes ou hydrophytes :

Alisma lanceolatum With.
Plantain d'eau à feuilles lancéolées
Butomus umbellatus L.
Butôme en ombelle, jonc fleuri
Cicendia filiformis (L.) Delarbre
Cicendie filiforme
Exaculum pusillum (Lam.) Caruel
Cicendie naine
Najas marina L. subsp. marina
Naïade majeure, naïade marine
Pilularia globulifera L.
Pilulaire, boulette d'eau, pilulaire à globules
Potamogeton crispus L.
Potamot crépu, potamot à feuilles crépues


Cf. « L'eau des étangs : gaz ou fluide ? De la transformation des eaux mortes en eaux vives » de Vanessa Manceron,
Techniques & Culture 68 | 2017.

Les lacs

qui, dans l'Yonne, sont au nombre de deux et sont artificiels.

Le Lac du Bourdon, réservoir créé sur le rû qui portait ce nom en 1901 et agrandi en 1905 pour alimenter le canal de Briare et maintenir le niveau du Loing. Il présente des ceintures de végétations diversifiées en raison du marnage du niveau de ses eaux qui découvre des plages sableuses en été, et des bois marécageux situés entre les nombreuses "queues" de sa rive sud.

Le Lac du Crescent au milieu des forêts, datant de 1930 et dont l'objectif principal est de réguler la Seine (via l'Yonne) pour éviter les crues à Paris. Il se trouve dans le Morvan.



MarécagesMaraisMaresRoselièresTourbièresPrairies humidesRipisylvesFossésÉtangsLacs

Hydrophytes

Certaines d'entre elles flottent librement à la surface de l’eau, d'autres, bien qu'enracinées au fond de l'eau ont des feuilles flottantes, contrairement à celles qui n'ont que des feuilles immergées.

Alisma plantago-aquatica L.
Grand plantain d'eau,
plantain d'eau commun
Nuphar lutea (L.) Sm.
Nénufar jaune
Nymphaea alba L.
Nénufar blanc, lys des étangs

Hélophytes

Des plantes semi-aquatiques

Alnus glutinosa (L.) Gaertn.
Aulne glutineux, verne, vergne
Bidens cernua L.
Bident penché, chanvre d'eau penché
Bidens tripartita L.
Bident trifolié
Chrysosplenium oppositifolium L.
Dorine à feuilles opposées, cresson doré
Eleocharis palustris (L.) Roem. & Schult.
Éléocharide des marais, héléocharis des marais
Epilobium hirsutum L.
Épilobe hirsute
Eupatorium cannabinum L.
Eupatoire à feuilles de Chanvre, chanvrine
Filipendula ulmaria (L.) Maxim.
Reine des prés, spirée ulmaire, filipendule
Galium palustre L.
Gaillet des marais
Iris pseudacorus L.
Iris des marais, Faux-acore
Juncus conglomeratus L.
Jonc aggloméré
Juncus effusus L.
Jonc diffus, jonc épars
Lycopus europaeus L.
Lycope d'Europe, pied de loup, chanvre d'eau
Lysimachia vulgaris L.
Lysimaque commune, lysimaque vulgaire
Lythrum salicaria L.
Salicaire, lysimaque rouge
Mentha aquatica L.
Menthe aquatique
Nasturtium officinale W.T.Aiton
Cresson de fontaine, cresson officinal,
santé du corps
Pulicaria dysenterica (L.) Bernh.
Pulicaire dysentérique
Ranunculus fluitans Lam.
Renoncule flottante, renoncule des rivières
Sagittaria sagittifolia L.
Sagittaire à feuilles en cœur, flèche-d'eau,
sagittaire en flèche
Salix cinerea L.
Saule cendré
Schoenoplectus lacustris (L.) Palla
Jonc des chaisiers, jonc des tonneliers
Scrophularia auriculata L.
Srophulaire aquatique, scrophulaire à oreillettes
Veronica anagallis-aquatica L.
Mouron aquatique, mouron d'eau
Viola palustris L.
Violette des marais
Viola persicifolia Schreb.
Violette à feuilles de pêcher

Amphyphytes

Dans l'Yonne, des plantes amphibies rares pourraient se trouver près des étangs du Gâtinais, comme : Sparganium natans, le rubanier nain, plante amphibie des eaux acides ; Eleocharis multicaulis, le scirpe à plusieurs tiges ou Carex viridula, la laîche tardive... mais également :

Baldellia ranunculoides (L.) Parl.
Fluteau fausse renoncule
Juncus bulbosus L.
Jonc bulbeux
Littorella uniflora (L.) Asch.
Littorelle à une fleurs
Menyanthes trifoliata L.
Trèfle d'eau, ménianthe trifolié, ménianthe de la fièvre
Rorippa amphibia (L.) Besser
Cresson amphibie
Typha latifolia L.
Massette à larges feuilles, quenouille

_____________

 Circus Lumineszenz, Callitriche

Parmi les sept callitriches de l'Yonne
Callitriche hamulata Kütz. ex W.D.J.Koch, 1837
le callitriche à crochets ou callitriche en hameçon


Druyes-les-Belles-Fontaines, 11 août 2017



GénéralitésMilieuxHydrophytesHélophytesAmphyphytes