Paroles de chansons

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Eau douce de Claude Nougaro

L'eau de cette rivière, fofolle, mais pas farouche
L'eau si fraîche et claire vous met l'eau à la bouche
Là, on peut s'asseoir en l'écoutant jazzer
En cascadant sur les pierres usées
Là l'eau a l'odeur, l'odeur d'une eau-de-vie
L'anguille, la grenouille se grisent à l'envi
L'or de la journée fait miroiter des verts
Et quand on y plonge à bras ouverts
Ô quel coup de fouet divin
Au royaume des alevins
On s'y fond, on y ondule
En prenant garde à lâcher ses bulles
Naître, tous les bébés vous le diront, c'est dur
Être ou ne pas être, c'est une question obscure
Là, dans cette eau vive, quand on retrouve l'air libre
On sent que rien n'est plus beau que vivre
Las, il faut quitter les lieux
L'eau devient de glace, adieu
On remet les gaz, voiture
On quitte les eaux douces pour les hommes durs
L'eau de cette rivière, fofolle, mais pas farouche
L'eau si fraîche et claire vous met l'eau à la bouche
Là, on peut s'asseoir en l'écoutant jazzer
En cascadant sur les pierres usées

Paroles Claude Nougaro, musique Aldo Romano – © 2004 Blue Note



Rosa de Jacques Brel

Rosa, rosa, rosam
Rosae, rosae, rosa
Rosae, rosae, rosas
Rosarum, rosis, rosis
C'est le plus vieux tango du monde
Celui que les têtes blondes
Ânonnent comme une ronde
En apprenant leur latin
C'est le tango du collège
Qui prend les rêves au piège
Et dont il est sacrilège
De ne pas sortir malin
C'est le tango des bons pères
Qui surveillent l'œil sévère
Les Jules et les Prosper
Qui seront la France de demain
Rosa, rosa, rosam
Rosae, rosae, rosa
Rosae, rosae, rosas
Rosarum, rosis, rosis
C'est le tango des forts en thème
Boutonneux jusqu'à l'extrême
Et qui recouvrent de laine
Leur cœur qui est déjà froid
C'est le tango des forts en rien
Qui déclinent de chagrin
Et qui seront pharmaciens
Parce que papa ne l'était pas
C'est le temps où j'étais dernier
Car ce tango rosa rosae
J'inclinais à lui préférer
Déjà ma cousine Rosa
Rosa, rosa, rosam
Rosae, rosae, rosa
Rosae, rosae, rosas
Rosarum, rosis, rosis
C'est le tango des promenades
Deux par seul sous les arcades
Cerclés de corbeaux et d'alcades
Qui nous protégeaient des pourquoi
C'est le tango de la pluie sur la cour
Le miroir d'une flaque sans amour
Qui m'a fait comprendre un beau jour
Que je ne serais pas Vasco de Gama
Mais c'est le tango du temps béni
Où pour un baiser trop petit
Dans la clairière d'un jeudi
A rosi cousine Rosa
Rosa, rosa, rosam
Rosae, rosae, rosa
Rosae, rosae, rosas
Rosarum, rosis, rosis
C'est le tango du temps des zéros
J'en avais tant des minces des gros
Que j'en faisais des tunnels pour Charlot
Des auréoles pour saint François
C'est le tango des récompenses
Qui allaient à ceux qui ont la chance
D'apprendre dès leur enfance
Tout ce qui ne leur servira pas
Mais c'est le tango que l'on regrette
Une fois que le temps s'achète
Et que l'on s'aperçoit tout bête
Qu'il y a des épines aux Rosa
Rosa, rosa, rosam
Rosae, rosae, rosa
Rosae, rosae, rosas
Rosarum, rosis, rosis

Paroles et musique Jacques BREL - © 1962 Disques Barclay



Paris saccagé de Pierre Perret

Dans Paris, Paris dégoûtant
Seuls les rats sont contents
Ils savent qu’ici les végans pas idiots
Les nourrissent qu’avec du bio
Pour traverser les tranchées, les travaux
C’est pire que l’col de Roncevaux
Les déjections qui fleurissent les trottoirs
Décorent ce grand dépotoir

Pauv’ Paris, Paris enlaidi
Dans quel état ils t’ont mis
Ils avaient promis l’nirvana
Et c’est la bérézina

Où es-tu Paris lumière des cités
Qui était d’la France la bergère
Quand des crétins frappés d’cécité
Firent de toi une pétaudière
Les plastocs jaunes des affreux bitoniaux
Qui bornent les pistes à vélo
Les plots d’béton où l’piéton prend des chtars
Sont d’authentiques œuvres d’art

Pauv’ Paris, Paris enlaidi
Toi qui fus le paradis
Te voilà fringué Waterloo
Par nos gentils écolos

Y en a qui écrivent des conn’ries sur les murs
Ceux qui ont rêvé d’être Arthur
Et d’aut’ qui s’prennent au feutre ou au pinceau
Pour Baudelaire ou Picasso
Rue d’Rivoli dev’nue rue d’Rivélo
L’ambulance a du boulot
Ça grille les feux, vélos et trottinettes
Aux carrefours font des om’lettes
Dans Paris l’hiver comme l’été
On touche pas à la saleté
Les vieilles télés, les tonnes de détritus
S’empilent gaiement dans les rues

Pauv’ Paris dev’nu si cra-cra
On sait bien qui t’a fait ça
C’est les crânes de piaf dégourdis
Qui bouffent des graines à la mairie

Dans Paris, Paris rapiécé
C’est la moch’té qui est passée
Les bancs publics et les fontaines Wallace
C’était pas si dégueulasse
C’est à Barbès, la Chapelle, Stalingrad
Qu’on trouve les squats les plus crades
Et dans les squares où plus un enfant joue
Y a qu’des s’ringues et plus d’nounous

Dans Paris, Paris dégoûtant
Oui seuls les rats sont contents
Et l’Paris du grand Charles outragé
C’est un Paris saccagé

Paroles et musique Pierre PERRET – © Éditions Adèle 2023


Violette d'Anne Sylvestre

Plus personne va m' casser les pieds
A dit Violette à son boucher
Qui la toisait de ses lunettes
Et pour la p'tite dame ça sera quoi ?
Où ça "La p'tite dame", j'en vois pas !
C'est pas une petite dame Violette
Quatre-vingts ans et des poussières
Plus de vingt fois arrière-grand-mère
Votre dédain lui fait pas peur
Les quelques années qui lui restent
Elle veut les vivre à fond la caisse
Elle aime pas les rétroviseurs
Et c'est pas un marchand d' barbaque
Qui va lui casser la baraque
La la la la la la la la la la la la la la

Venez pas dire que c'est gentil
Que c'est un terme de sympathie
Gardez votre condescendance
Savez-vous à qui vous parlez ?
Ne blessez pas sa dignité
Ne la r'plongez pas en enfance
C'est une dure enfant d' la guerre
C'est du chiendent, pas d' la bruyère
Elle a eu faim, elle a eu froid
Elle a grandi coûte que coûte
Avec la neige sur la route
Les pieds sur des semelles de bois
C'est pas un professeur d'histoire
Qui va lui dire ce qu'il faut croire
La la la la la la la la la la la la la la

Violette, elle a eu peur de rien
Elle savait tenir tête aux chiens
Aux menteurs et aux imbéciles
Elle a su se jeter à l'eau
Et repêcher quelques marmots
D'une noyade trop facile
Sous sa coiffure en courant d'air
Elle a plus de vocabulaire
Que vous n'en connaîtrez jamais
Pour ce qui est de l'art de vivre
Elle en sait plus que tous vos livres
Nommez un arbre, elle le connaît
Et c'est pas un marchand d' sornettes
Qui va lui en mettre plein la tête
La la la la la la la la la la la la la la

Elle a fabriqué des enfants
Pas pour en faire des perdants
Et elle a côtoyé des hommes
Celui qui la couve des yeux
C'est pas non plus un p'tit monsieur
Il mérite le respect tout comme
Violette, c'est pas une petite dame
Elle a vécu sa part de drames
Et si un jour elle doit tomber
Quand vous la tiendrez dans vos griffes
Comprenez qu'elle se rebiffe
Vous qui viendrez pour la soigner
Et qu' c'est pas un marchand d' médocs
Qui va lui dire qu'elle débloque
Mettez-vous bien ça dans la tête
C'est pas une petite dame, Violette

Paroles et Musique Anne SYLVESTRE © 2013


Le temps des fleurs (1968 !) par Dalida

initialement Дорогой длинною, Longue route (1926)

Дорогой длинною

Dans une taverne du vieux Londres
Où se retrouvaient des étrangers
Nos voix criblées de joie montaient de l'ombre
Et nous écoutions nos cœurs chanter
C'était le temps des fleurs
On ignorait la peur
Les lendemains avaient un goût de miel
Ton bras prenait mon bras
Ta voix suivait ma voix
On était jeune et l'on croyait au ciel
La-la-la-la-la-la, la-la-la-la-la-la
La-la-la-la, la-la-la-la-la-la
Et puis sont venus les jours de brume
Avec des bruits étranges et des pleurs
Combien j'ai passé de nuits sans lune
À chercher la taverne dans mon cœur
Tout comme au temps des fleurs
Où l'on vivait sans peur
Où chaque jour avait un goût de miel
Ton bras prenait mon bras
Ta voix suivait ma voix
On était jeune et l'on croyait au ciel
La-la-la-la-la-la, la-la-la-la-la-la
La-la-la-la, la-la-la-la-la-la
La-la-la-la-la-la, la-la-la-la-la-la
La-la-la-la, la-la-la-la-la-la
Et ce soir, je suis devant la porte
De la taverne où tu ne viendras plus
Et la chanson que la nuit m'apporte
Mon cœur déjà ne la connaît plus
C'était le temps des fleurs
On ignorait la peur
Les lendemains avaient un goût de miel
Ton bras prenait mon bras
Ta voix suivait ma voix
On était jeune et l'on croyait au ciel
La-la-la, la-la-la
La-la-la-la-la-la
La-la-la, la-la-la
La-la-la-la, la-la-la-la-la-la

Paroles : Konstantin Podrevsky,
Eddy Marnay et Eddie Barclay en français.
Musique : Boris Fomin