Hêtre, fayard
Fagus sylvatica L., 1753
Famille des Fagaceae

Ordre des Fagales
Fabids / Rosids / Pentapetalae / Eudicotyledons

  Pour en savoir plusJe n'ai rien
Que trois feuilles d'or et qu'un bâton
de hêtre, je n'ai rien...

Henri de Régnier
    

▼  Floraison femelle  ▼


Arces-Dilo, 15 avril 2018 - Photo © Daniel Bourget


Arces-Dilo, 15 avril 2018 - Photo © Daniel Bourget

▼  Écailles des bourgeons et inflorescences mâles  ▼


Arces-Dilo, 7 avril 2018 - Photo © Daniel Bourget

FAGUS sylvatica L.
Hêtre, fayard

 Dans l'Yonne

  • Plante ligneuse monoïque.
  • Arbre commun, c'est une essence d'ombre qui pousse lentement sous couvert.
  • Période de floraison approximative :
    Avril-Mai, lorsqu'elle a lieu tous les 3 à 5 ans ou 5 à 10 ans.
  • Habitat : Forêt à sol meuble et athmosphère humide, mais il existe également de rares hêtraies calcicoles sèches où l'on peut trouver des orchidées comme Limodorum abortivum ou Cephalanthera damasonium.
  • Tailles : 20 à 40 mètres.
     Les fleurs mâles se présentent en chatons pendants.
    Ces chatons tomberont dès que leurs grains de pollen, à trois apertures et de taille moyenne, auront été disséminés par le vent qui pollinisera les fleurs femelles, souvent groupées par 2 dans une enveloppe recouvertes de petites écailles foliaires hérissées.

    Sa première floraison aura lieu seulement lorsqu'il aura entre 40 et 50 ans.



 Origine supposée des noms

  • générique : nom latin du hêtre, dérivé du grec Φηγός (fâgos) qui signifiait chêne.
  • spécifique : les arbres étant du genre féminin en latin, l'adjectif sylvatica, sauvage, l'est également.
  • D'après la 6e édition du Dictionnaire de l'Académie française publiée en 1835 cet arbre aurait porté le nom de :
  • Quant à son fruit, un akène du genre nucule, il est nommé une faîne, mot dérivé du latin vulgaire fagina, sous-entendu glans faginae.
    Une cupule enferme complètement les faînes, généralement au nombre de deux, et se fend à maturité (au cours de ce que l'on nomme la faînée) pour les libérer.
    Cette cupule ligneuse, hérissée d'épines recourbées molles, perdure sur l'arbre l'Hiver après s'être ouverte généralement au mois d'octobre.

    La production des faines, nommée faînée, qui suit un cycle de plusieurs années (5 à 10 ans), dépend très étroitement de la quantité de pollen émis.
    Ce sont les faînes qui disséminent les graines qui, lorsqu'elles gonfleront, provoqueront la déchirure de leur tégument et de leur paroi qui, parfois, persistent comme un chapeau sur les feuilles cotylédonaires.
  • Gaston Bonnier (1853-1922) le classait parmi les Cupulifères.

 Détails caractéristiques

  • Lignine et cellulose du bois de hêtre vues au microscope.
  • Les cotylédons de ses plantules printanières ont une forme caractéristique.
  • Ses racines sont traçantes.
  • Sa ramure est flottante et son écorce lisse, douce et grisée. (Belinda Cannone, Entre les bruits © Éditions de l'Olivier, 2009, p. 209).
    Ce qui est très rare parmi les arbres, c'est que son écorce reste lisse jusqu'à environ 200 ans.

  • Parc forestier national de la Poudrerie de Sevran Livry (Seine-Saint-Denis)
    20 juillet 2024

  • Ses feuilles, dès le stade de plantule du hêtre, présenteront un arrangement alterne distique qui sera sa seule disposition foliaire.
  • Ses jeunes feuilles, comme ci-dessus, présentent des cils fins et sont vert clair. Leur couleur deviendra plus foncée en Été quand son feuillage est dense et chargé en tanins.
    Après leur mort automnale, les feuilles des branches basses du hêtre restent parfois accrochées à l'arbre tout l'Hiver : c'est ce que les botanistes nomment une marcescence partielle.
  • Elles pourront présenter également des galles abritant Mikiola fagi (Hartig, 1839).
  • Ses fleurs mâles ne sont visibles que très peu de temps car elles tombent dès que leur pollen est disséminé.
  • Les faînes sont comestibles, en quantité raisonnable et grillées car le péricarpe brun qui les enveloppe (alors qu'elles sont blanches) renferme de la fagine, une substance légèrement toxique.
    L'Icaunaise Colette devait en manger, elle qui écrit dans "Claudine à l'école" : [...] je ramassais des faînes, ces bonnes petites faînes huileuses qui grattent la gorge et font tousser.
    Huileuses en effet, elles servaient autrefois d'huile à brûler et les agriculteurs savaient les préparer pour avoir une huile de bonne qualité.
  • Son bois (qui bleuit facilement quant il est coupé) est très dur mais le Pic noir, Dryocopus martius (Linnaeus, 1758), peut le forer.

 Un peu d'histoire

  • Comme nous l'apprend l'Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers dans son Volume 17, les usages du hêtre étaient nombreux.

  • * Les layettiers étaient ceux qui faisaient des layettes
    (petites caisses de bois blanc).

  • Dans le Morvan (proche de l'Yonne), au lieu-dit Fétigny et dans les alentours, des lanières de cuir étaient clouées, une à une, au marteau, sur des manches en bois de hêtre avec pour résultat... des martinets. Désormais leur fabrication et leurs usages ont changé... mais ils sont toujours fabriqué dans les environs d'Alligny-en-Morvan.

 Un peu de poésie

  • ODELETTE II, Henri de Régnier (1864-1936)
    in Les jeux rustiques et divins, Mercure de France, Paris, 1897

    Je n'ai rien
    Que trois feuilles d'or et qu'un bâton
    De hêtre, je n'ai rien
    Qu'un peu de terre à mes talons,
    Que l'odeur du soir en mes cheveux,
    Que le reflet de la mer en mes yeux,
    Car j'ai marché par les chemins
    De la forêt et de la grève
    Et j'ai coupé la branche au hêtre
    Et cueilli en passant à l'automne qui dort
    Le bouquet des trois feuilles d'or.

    Accepte-les ; elles sont jaunes et douces
    Et veinées
    De fils de pourpre ;
    Elles sentent la gloire et la mort,
    Elles tremblèrent au noir vent des destinées ;
    Tiens-les un peu dans tes mains douces :

    Elles sont légères, et pense
    À celui qui frappa à ta porte
    Un soir,
    Et qui s'est assis en silence
    Et qui reprit en s'en allant
    Son bâton noir
    Et te laissa ces feuilles d'or,
    Couleur de soleil et de mort...
    Ouvre tes mains, ferme ta porte
    Et laisse-les aller au vent
    Qui les emporte.

 Nombre d'espèces icaunaises dans le genre