Botanistes célèbres
plus que d'autres

Michel Adanson, Arthur John Cronquist, Charles Robert Darwin, Augustin Pyramus de Candolle, Antoine Laurent de Jussieu, Jean-Baptiste Pierre Antoine de Monet de Lamarck, Carl von Linné, Juan Ignacio Molina, John Ray, Robert Brown, Joseph Pitton de Tournefort, Benoît de Maillet, Alfred Russel Wallace.

Benoît de Maillet

Avant Darwin, quels furent les premiers pas des historiens des sciences de la vie et de la terre ? Il est possible de s'en faire une idée en lisant le Telliamed de Benoît de Maillet (1656-1738) considéré de nos jour comme un précurseur du transformisme, après avoir été méprisé par Paul Broca qui considérait que son ouvrage n'était qu'un rêve ridicule.



Alfred Russel Wallace

Sans oublier le naturaliste Alfred Russel Wallace (1823–1913).
Comme l'écrit R. Bertrand :
Parce qu'ils font parader des êtres soustraits aux déterminations de leur milieu, les [...] herbiers qui agaçaient tant le jeune Wallace [...] inventent mille solitudes quand le vivant ne forme qu'un seul peuple.

Est-ce pour cela que Wallace avait découvert, indépendamment de Darwin et avant lui, un mécanisme de transformation des espèces similaire à la sélection naturelle ?
Il est l'auteur de Darwinism. An exposition of the theory of natural selection with some of its applications, paru à Londres en 1889.

Darwin

 2016-Darwin Sous les feux de l'actualité

 Charles Darwin (1809-1882)

Darwin était le petit-fils d'Erasmus Darwin (1731-1802) qu'il n'avait pas connu mais dont il avait sans doute lu, entre autres, Le Jardin botanique (1792) et Le Temple de la Nature (1803).

Sa vie (en français ou en anglais) ne se résume pas en deux mots.

Rejetant le transformisme, Charles Darwin propose un mécanisme qu'il nomme "sélection naturelle", par analogie avec la sélection artificielle pratiquée par les Hommes depuis des millénaires.

On désigne désormais ce mécanisme, qui n'est bien sûr ni absolu ni immuable, sous le nom de darwinisme.

Cette sélection darwinienne permet d'expliquer de façon naturaliste la complexité adaptative des êtres vivants, sans avoir recours au finalisme ni à une intervention d'origine divine. Ce que Darwin a eu du mal à exprimer avec la langue anglaise de son époque, celle d'il y a deux cents ans... et sans doute également en raison de son ignorance des lois régissant l'hérédité car il n'a jamais lu les Recherches sur des hybrides végétaux que Grégor Mendel (1822-1884) avait publiées en 1865.

Intéressé par la géologie et la zoologie, Darwin l'est aussi par la botanique et durant son voyage sur le Beagle, dès 1832 à Rio de Janeiro et ensuite sur les Iles Galapagos, il a admiré les Orchidées, étudiant plus tard les Orchidacées sauvages d'Angleterre et leurs relations avec les insectes.

En 1833, à Maldonado (Uruguay), il s'adjoint, après lui avoir appris la chasse et la taxidermie, l'aide d'un matelot violoneux, Syms Covington, qu'il gardera à son service jusqu'en 1839 pour mettre de l'ordre dans tous les spécimens, aussi bien botaniques qu'animaux, déchargés à Falmouth lors du retour du Beagle en 1836.

En 1859, l'année même où un Français, Félix-Archimède Pouchet, publie à Paris un énorme ouvrage intitulé Hétérogénie ou traité de la génération spontanée, Darwin dévoile sa théorie de la « descendance avec modification » dans L'Origine des espèces, un ouvrage intitulé plus exactement : L'origine des espèces au moyen de la sélection naturelle ou la préservation des races favorisées dans la lutte pour la vie, ouvrage qui le fait connaître.

Le mot "évolution" n'est pas utilisé par Darwin dans ce livre, comme nous le rappellent S.J. Gould et Jean Gayon qui, dans sa conférence, nous expliquait l'arbre de la vie, ce diagramme qui est la seule illustration de l'ouvrage et que vous trouverez ci-dessous.
L'ADN étant totalement inconnu à l'époque de Darwin, il n'a pu s'intéresser qu'aux relations de parenté dans une perspective généalogique, mais les relations de parenté n'expliquent pas tout et les biologistes de l'évolution du XXIe siècle s'intéressent désormais à la complexité de la composition et de l'organisation des composantes du monde vivant. S'intéressant aux interactions et aux processus, ils ne pensent plus en arbres mais en réseaux, en rhizomes.


Un diagramme très différent du tableau de Lamarck datant de 1809 et
"servant à montrer l'origine des différens animaux".

Mais cet arbre de Darwin n'est plus du tout adapté pour représenter la généalogie
de ces organismes chimériques que sont un ver et une bactérie nommée Wolbachia.

Avec ce livre, Darwin met fin à la croyance en la génération spontanée des formes vivantes et il permet de sortir des théories fixistes en insistant sur les modifications apparues au cours des millions d'années des époques préhistoriques.

Comme Lamarck, il prend en compte le facteur Temps mais contrairement à lui sa vision des variations ne se mesure pas à l'échelle d'un individu mais à celle d'une population, génération après génération. Selon Denis Duboule, c'est d'ailleurs Malthus qui l'inspire, la thèse de ce dernier reposant sur l’idée que la progression démographique est plus rapide que l’augmentation des ressources. Darwin, ayant lu Malthus, n’a fait qu’appliquer ce raisonnement à la biologie.

En 1860, il écrit : « Je crois depuis longtemps qu’un bon observateur équivaut en fait à un bon théoricien » et, contrairement aux hommes de son temps, il faisait également confiance aux femmes...

 Presque une femme, Karin Clercq

... n'hésitant pas à conseiller à Marianne North de partir pour l'Australie et la Nouvelle-Zélande pour peindre des fleurs... mais être en avance sur son temps n'est pas forcément un avantage comme le souligne Peter J. Bowler.

En 1868, au chapitre XVIII d'un ouvrage intitulé La Variation des animaux et des plantes à l’état domestique, Darwin lance une curieuse Hypothèse provisoire de la pangenèse avec des petits grains ou atomes, qui circulent librement dans tout le système. Il nomme ces petits grains des gemmules.

En 1872 il publie L’Expression des émotions chez l’homme et les animaux, un ouvrage dans lequel, au chapitre XII, il évoque très brièvement la musique, ou du moins une chanteuse et un flutiste, en s'intéressant surtout au muscle peaucier du cou, car il n'avait pas l'oreille musicale et lorsqu'il était à Cambridge, même s'il aimait s'arranger pour terminer ses promenades à la chapelle de King's College pour entendre le God Save the King, il était incapable de remarquer si le choeur en modifiait parfois le rythme.

Seize ans après avoir commencé à mener des expériences sur des plantes insectivores, c'est en 1875 qu'il publie Insectivorous plants dont le premier chapitre est consacré à Drosera rotundifolia, le Rossolis à feuilles rondes.

Les fleurs hétérostylées, parmi lesquelles les Primevères ont également attiré son attention (Des différentes formes de fleurs dans les plantes de la même espèce, 1877). Et l'on peut dire que Darwin est certainement le botaniste qui a le mieux contribué à la connaissance de la sexualité chez les plantes.

Avec son fils Francis, ils sont les premiers à avoir observé les réponses des coléoptiles à la lumière, découvrant ainsi ce que l'on nomme le phototropisme. Leurs expériences ont permis de prouver l'existence d'hormones végétales, notamment celle de l'auxine découverte au XXe siècle. En 1880, tous deux publient un ouvrage intitulé The Power of Movement in Plants (La faculté des plantes de se mouvoir).

Darwin considère que la classification des organismes vivants doit rendre compte des liens de parenté entre eux malgré des modifications au cours de leur descendance.

Qui dit évolution dit variations, et coopération plutôt que concurrence.

Darwin vu par Peter Greenaway

Si la théorie darwinienne ne peut pas tout donner, même avec

  • les phytolithes, ces fossiles végétaux microscopiques, transparents et non visibles à l'oeil nu que Darwin mentionne dès le premier chapitre de son Voyage sur le Beagle et qu'il connaissait grâce aux travaux de C. G. Ehrenberg (1795-1876),
  • les vers de terre qu'il a étudié peu de temps avant de mourir dans son ouvrage, publié en 1881, intitulé "La Formation de la terre végétale par l'action des vers de terre, avec des observations sur leurs habitudes",

on lui doit cependant la Biologie évolutive qui a désormais intégré la génétique mendélienne et qui, avec le développement de l'informatique, donne de plus en plus d'importance au quantitatif. Au milieu du XXe siècle c'est même d'évolution moléculaire dont on parlera car l'ADN, l'ARN et les protéines évoluent eux aussi.

Darwin a découvert des choses avec l’œil… avec l’hypothèse… Aujourd’hui quand on pense quelque chose avec nos yeux, on a les moyens, dans l’ADN, d’aller le vérifier… comme l'expliquait une scientifique du laboratoire du Jardin botanique de Genève il y a quelques années.

L'Évolution est donc le paradigme en vigueur actuellement : selon elle, au fur et à mesure des générations, une espèce se modifie, ce qui ne veut pas dire qu'elle progresse.

En 2012, les sciences de l’évolution restaient, malgré les efforts de vulgarisation, d’un abord difficile. Elles mobilisent les mathématiques, auxquelles les biologistes sont souvent réfractaires, et des concepts ardus, parfois dérangeants.

Pour en savoir plus sur la théorie de l'évolution :

 Théorie de l'évolution : de Darwin à la génétique

Qu'en est-il en 2024 ?
L'évolution est une réalité mais aucun consensus n'existe quant à son mécanisme.
Il faudrait revisiter Lamarck, s'intéresser à Stephen Jay Gould, Richard Dawkins, Leigh Van Valen, Motoo Kimura et ses conceptions de la sélection naturelle.
Incompréhension et résistance pour certains, critiques pour d'autres.


N'en n'oublions pas pour autant :

beaucoup d'autres botanistes dont les noms vous apparaîtront, le plus souvent abrégés, après celui des binoms latins des fleurs et plusieurs d'entre eux dont la particularité était d'être, comme de Candolle, huguenots.
 

Michel Adanson, Arthur John Cronquist, Charles Robert Darwin, Augustin Pyramus de Candolle, Antoine Laurent de Jussieu, Jean-Baptiste Pierre Antoine de Monet de Lamarck, Carl von Linné, Juan Ignacio Molina, John Ray, Robert Brown, Joseph Pitton de Tournefort, Benoît de Maillet, Alfred Russel Wallace.