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Codes de nomenclature
Les plantes changent parfois de nom avec les progrès de la Systématique...
mais elles ne changent pas d'identité.
Maurice Reille
En 2024, ce ne sont plus les progrès de la Systématique qui entrent en ligne de compte pour changer les noms des plantes, mais d'autres considérations, comme le montre cet article 51.1 du Code de Shenzhen
qui devrait être modifié par le Code de Madrid.
Modifié pour éliminer de "manière parmanente et rétroactive" certaines épithètes spécifiques utilisées dans la nomenclature et au XXIe siècle considérées comme très offensantes puisque censées dériver d'une insulte raciale très péjorative et violente dans plusieurs langues comme l'anglais, l'afrikaans, l'espagnol et le portugais, et donc ne plus pouvoir être simplement "inapropriées ou désagréables", cancel culture oblige.
En l'occurrence, il s'agit de l'épithète caffra dont l'étymologie est arabeكافر (kāfir) et signifie athée, infidèle, mécréant.
Mais Kaffirs était également le nom donné par les Arabes aux peuples indigènes de la côte Est de l'Afrique.
Il est à noter que sur l'Ile de La Réunion
Ile de La Réunion, Sainte-Suzanne, juin 2024 - Photo © Elia
les mots cafre et cafrine (ou kafre et kafrine) sont d'un emploi courant et non péjoratif, contrairement à d'autres pays ou régions du sud-ouest de l'océan Indien non francophones.
Carl Meissner (1800-1874),
William Henry Harvey (1811-1866), Joseph Dalton Hooker (1817-1911)...
Étaient-ils racistes ces botanistes ayant utilisé le nom d'espèce caffra ou bien ne faisaient-ils pas en fait référence à un terme géographique, tout comme Linné entomologiste nommant en 1767 Xylocopa caffra, une espèce d'abeille charpentière afrotropicale présente également à Madagascar et dans certains archipels de l'océan Indien ?
Car la Cafrerie (comme, dans une autre partie du Globe, le Tibet, devenu région autonome du Xizang) était depuis longtemps le nom d'un pays ("très étendu" semble-t-il), ce que laisse supposer Meissner dans sa description des Proteeceae pour sa P. caffra lorsqu'il écrit :
In rupestris montis Magalisberg Caffrariae
à la page 237 du Prodromus systematis naturalis regni vegetabilis... Pars Decima Quarta de De Candolle ?
Géographie des commençants Par Charles Constant Le Tellier · 1811
Plage de St-Joseph, La Réunion, juin 2024 © Elia
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Le dernier congrès international de nomenclature botanique vient d'avoir lieu à MADRID.
Quelles modifications va-t-il apporter au Code de Shenzhen ?
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Les progrès de la Systématique semblent s'accompagner de codes en tous genres, même pour les botanistes !
Fini le binomen, nous sommes entrés dans l'ère de l'uninomen, finie la classification linnéenne du XVIIIe siècle précédemment utilisée, qui rapprochait parfois des espèces proches d’aspect mais éloignées génétiquement.
En effet, la catégorie « espèce » est presque aussi subjective que les autres catégories linnéennes selon Marc Ereshefsky, auteur de Linnaean Ranks: Vestiges of a Bygone Era, ouvrage apparemment jamais traduit en français.
La nomenclature phylogénétique (et donc, le PhyloCode) ne requiert pas l’utilisation de ces catégories, contrairement à tous les codes de nomenclature pour taxons qui existent depuis longtemps et qui sont en contradiction avec la théorie de l'évolution.
La nomenclature botanique évolue donc sans cesse comme les autres nomenclatures biologiques, mais cela semble très confidentiel...
Le PhyloCode, une abréviation pour nommer le Code de nomenclature phylogénétique est pourtant bien arrivé et ses recommandations de l'article 9 sont à lire, notamment la 9.4A ! Plus d'un botaniste va peut-être y perdre... son latin (si tant est qu'il l'ait appris) et même son anglais, ou tout simplement ce qu'il voulait dire... dans sa langue maternelle (Cf. par ex. : Because poorly chosen wordings of phylogenetic definitions can lead to undesirable consequences i.e., the application of the name in a way that contradicts the author’s intent...).
Historiquement, c'est avec les "Lois de la nomenclature botanique" adoptées par le Congrès international de botanique tenu à Paris en août 1867 que sa réglementation a commencé. Ces Lois avaient été rédigées par Alphonse de Candolle (1806-1893).
Puis, après le Congrès international de Botanique de Vienne en 1905, ont été éditées "Les règles internationales de la nomenclature botanique".
D'autres suivront...
Notamment le Code international de nomenclature botanique de St Louis, adopté par le XVIe Congrès International de Botanique s'étant tenu à St Louis, dans le Missouri, en Juillet-Août 1999.
En 2018, un Code nouveau était arrivé :
le Code de Shenzhen
(une des villes de Chine dans le delta de la rivière des Perles)
Pour nommer les végétaux, il faut suivre un Code, l'ICNAFP, International Code of Nomenclature for Algae, Fungi, and Plants, ce qui donne en français le Code international de nomenclature pour les algues, les champignons et les plantes, dont les formulations juridiques, malheureusement rédigées uniquement en anglais, ne sont vraiment pas simples à interpréter, à tel point qu'il existe un ouvrage intitulé "The Code Decoded - A user’s guide to the International Code of Nomenclature for algae, fungi, and plants" mis en ligne par Nicholas Turland.
Pour exemple, dans ce Code, la définition de l'autonyme :
The automatically established name of a subdivision of a genus or of an infraspecific taxon that includes the type of the adopted, legitimate name of the genus or species, respectively.
Its final epithet repeats unaltered the generic name or specific epithet and is not followed by an author citation (Art. 22.1 and 26.1).
Autonyms need not be effectively published nor comply with the provisions for valid publication (Art. 32.1), they are automatically established, at any given rank, by the first instance of valid publication at that rank of a name of a subdivision of a genus under a legitimate generic name or of a name of an infraspecific taxon under a legitimate species name (Art. 22.3 and 26.3).
[Autonyms are not allowed under illegitimate names of genera or species (Art. 22.5 and 27.2); nor do they exist above the rank of genus.]
Une définition que vous trouverez
en cliquant ci-dessous :
Heureusement, depuis février 2019 ce Code peut se lire en français grâce à Loizeau, Pierre-André, Maeder, Anouchka, & Price, Michelle J. sous le nom de Code International de Nomenclature pour les Algues, les Champignons et les Plantes (Code de Shenzhen).
Version française.
Et la définition de l'autonyme y est donc la suivante :
Le nom automatiquement créé d’une subdivision d’un genre ou d’un taxon infraspécifique qui inclut le type du nom adopté et légitime, respectivement, du genre ou de l’espèce. Son épithète finale répète sans modification le nom de genre ou l’épithète spécifique et n’est pas suivie par une citation d’auteur (Art. 22.1 et 26.1). Les autonymes nécessitent de ne pas être effectivement publiés ou de respecter les dispositions pour une publication valide (Art. 32.1), ils sont automatiquement établis, à n’importe quel rang, par la première autorité d’une publication valide au rang du nom d’une subdivision d’un genre sous le nom générique légitime ou d’un nom d’un taxon infraspécifique sous un nom d’espèce légitime (Art. 22.3 et 26.3). [Les autonymes ne sont pas permis sous des noms illégitimes de genre ou d’espèce (Art. 22.5 et 27.2) ; ils n’existent pas non plus au-dessus du rang de genre.]
Un botaniste professionnel nous a aimablement précisé, et nous l'en remercions, que :
La notion d'autonyme est définie par les articles 6.2, 26.1 et surtout 22.1 du Code international de nomenclature de Shenzhen :
22.1. The name of any subdivision of a genus that includes the type of the adopted, legitimate name of the genus to which it is assigned is to repeat that generic name unaltered as its epithet, not followed by an author citation (see Art. 46 ). Such names are autonyms ( Art. 6.8; see also Art. 7.7 ).
Concrètement, un autonyme est donc un nom créé automatiquement par la publication d’une subdivision d’un genre ou d’une espèce (exemple : la publication de "Genista pilosa subsp. cebennensis" crée automatiquement l’autonyme "Genista pilosa subsp. pilosa"). Cela est valable pour les sous-espèces et les variétés, et bien entendu lors de la description du premier taxon infraspécifique pour une espèce donnée.
Il n'y a donc pas lieu de publier un autonyme, comme cela est obligatoire pour toute autre combinaison nomenclaturale. C'est le seul cas d'automatisme nomenclatural.
Donc ce nom "automatiquement" créé, cet AUTOnyme, n'est-il pas tout simplement une façon de savoir que la plante concernée a une ou des sous-espèces dont la découverte a automatiquement engendré sa création et qu'il n'est lui-même pas une sous-espèce mais... un nom, le nom de l'espèce type ?
Nous persistons à ne pas comprendre pourquoi les botanistes de terrain comptent des autonymes en précisant leurs inventaires avec des cartes différentes de celles de l'espèce type.
Antoine Houdar de la Motte, Sonnet
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