L’invention du microscope, due à un érudit hollandais, Antoni van Leeuwenhoek (1632-1723), dont le microscope pouvait grossir de 275 à probablement 500 fois, a permis l'un des événements importants de l'histoire de la biologie : la découverte de la cellule et même de la cellule végétale puisque c'est grâce à un fragment d'écorce de chêne-liège qu'en 1665 l'Anglais Robert Hooke (1635-1703) a découvert que les végétaux étaient formés de petits éléments répétés un grand nombre de fois. C'est Hooke qui nomma "cellules" ces petits éléments.

Au XIXe siècle les botanistes utilisèrent des microscopes qu'ils nommaient microscopes simples.

Mais nous sommes au XXIe siècle et les microscopes sont désormais électroniques... ou trinoculaires, même pour les botanistes amateurs qui peuvent donc partir en voyage dans le monde de l'infiniment petit avec des moyens innovants que nous n'exposons pas ici, comme d'autres s'adonnent à l'émerveillement botanique du monde vertical et découvrent toute une Flora verticalis.

Dans l'Yonne, comme ailleurs, les amateurs de mondes microscopiques possédant un microscope optique grossissant entre 100 et 400 x, trouveront un grand intérêt dans l'observation :

  • des cellules des enveloppes des graines
  • des grains de pollen de fleurs sauvages car leur plus grande longueur est généralement de l’ordre de 10 à 200 µm. Au microscope optique il s'avère difficile de distinguer le pollen d'espèces très proches, ce que seul un microscope électronique à balayage permettrait. Mais le microscope optique permet de distinguer les grains de pollen de différentes familles
  • des poils divers et variés des plantes dont Jean-Marie CAVANIHAC vous donne plusieurs aperçus avec Urtica dioica, Lonicera periclumenum ou Geum urbanum.

Étant donné qu'une même cellule peut donner deux images différentes selon qu'elle est observée de face à plat ou en coupe, des observations répétées sont nécessaires pour bien les reconnaître.

Les poils absorbants des racines, bien cachés dans le sol, ne seront peut-être pas les premiers que vous verrez, d'autant plus qu'ils disparaissent très souvent au profit d'un mycelium de champignons mycorrhiziens.
Mais vous pourrez observer les poils glanduleux (sécréteurs d'huile essentielle ou de résine) ou les poils dits tecteurs, sans cellules sécrétrices, qui peuvent être en bouquet, en étoile, en candélabre, en navette (en forme de T), en pistolet.

Pourquoi tant de poils différents ?

  • Pour libérer une odeur ou des substances chimiques en étant glanduleux comme par exemple les poils de Sonchus arvensis.
  • Pour lutter contre le chaud, le froid et le sec.
  • Pour se défendre d'éventuels prédateurs et dans ce cas être piquants ou urticants.
  • Pour être hydrophobes afin de repousser l’eau.
  • Pour se déplacer comme sur les graines poilues de Salix cinerea pratiquant l'anémochorie, ou les graines épizoochores de la benoîte des villes.
  • Pour se nourrir (poils collants des Droseraceae ou d'autres plantes carnivores).
  • etc...

Geum urbanum L., 1753


© J.-M. Cavanihac

Pour commencer voici, ci-dessous, une graine de benoîte des villes prise parmi celles que vous voyez ci-dessus.
Elle a la particularité d'avoir des poils qui lui sont bien utiles.


© J.-M. Cavanihac

Ils lui permettent en effet d'être épizoochore, c'est-à-dire de se disperser par transport sur le plumage ou le pelage des animaux, ou sur les fibres textiles de vos vêtements.
Le grossissement (à l'écran) est d'environ 25 fois et l'image est prise selon la technique du fond noir (éclairage en lumière périphérique de l'objet) qui permet de mieux voir la texture, avec un montage en milieu liquide (gélatine glycérinée).




Urtica dioica L., 1753

Poursuivons avec un poil pas plaisant du tout, celui de l'ortie. Pourtant en dépit des cuisants souvenirs qu'il nous laisse c'est une merveille de réalisation :
ce poil est une partie d'une glande, située à sa base qui secrète, entre autre, de l'acide formique (celui des fourmis).
La pointe en est très fragile et se brise en biseau au moindre contact pour mieux se planter dans votre peau. Le même mouvement comprime la base du poil qui se fait un plaisir de vous injecter le venin !
Mais le spectacle est aussi un émerveillement en lumière polarisée. Le détail montre l'extrémité d'un poil intact ou l'on voit très bien le canal interne.



Poil d'Urtica dioica
MicrOscOpie.com © J.-M. Cavanihac

Hedera helix L., 1753

Dans le genre pas très poilu : le lierre.
Même si ses poils sont plus rares et très écrasés contre la tige, leur forme en étoile vaut le déplacement !
MicrOscOpie.com © J.-M. Cavanihac

Lonicera periclymenum L., 1753

Autre plante intéressante : le chèvrefeuille.
Il a en effet deux types de poils dont ceux-ci en forme de massue.
MicrOscOpie.com © J.-M. Cavanihac

Pour en savoir plus

Anna SPERANZA & Gian Lorenzo CALZONI
Atlas de la structure des plantes
Guide de l'anatomie microscopique des plantes vasculaires en 285 photos
Éditions Belin, Paris, 2005, pour la traduction française, 224 p.